21 leçons pour le XXIe siècle

Après un regard sur le passé (Sapiens) et sur le futur (Homo deus) l’auteur s’intéresse maintenant à ce qui nous est plus contemporain. Il se demande : « que se passe-t-il dans le monde actuel et quel est le sens profond des évènements? » (Harari, 21 leçons pour le XXIe siècle, 2018 page 13).

Dans ce troisième livre, Harari voit comme plus imminents les défis que nous lancent la « biotech » et « l’infotech ». Ces nouveaux défis, sans précédent, avec lesquels l’humanité est confrontée menacent nos idéaux de liberté et d’égalité. Parce que, ceux qui posséderont les données et les algorithmes pourraient être en mesure de les utiliser pour mieux nous connaître que nous-mêmes. Ce serait le retour des surhommes.

Les humains pensent en récits plutôt qu’avec des faits. Trois grands récits ont façonné le XXe siècle: le fascisme, le communisme et le libéralisme, nous dit l’auteur. Le premier a été éliminé suite à la dernière guerre et le deuxième s’est effondré. Il nous reste le libéralisme. Tout n’est pas rose, mais avec le modèle libéral nous savons quoi faire. Du moins, nous le pensons ainsi.

Mais voilà que l’histoire, après François-Ferdinand, Hitler et Che Guevara, n’est pas finie; le moment Trump avec sa négation des valeurs mondialistes et le retour vers des gouvernements soi-disant démocratiques (exemple : la Turquie) menacent le régime libéral. Harari avance même que le régime libéral est en état de choc et de confusion. Dans ces conditions, nous avons tendance à imaginer des scénarios catastrophes. Pourtant, « Les hommes n’ont jamais su prédire l’avenir avec exactitude. ». (Harari, précité, page 279) Ces scénarios sont plus guidés par la peur que par tout autre moyen de faire des pronostics.
Nous sommes tous membres d’une seule Civilisation. La science, l’art, la monnaie et le commerce international en sont des manifestations les plus vraies. L’humanité aura besoin d’une identité globale pour éviter la course à l’abîme que représente le défi technologique et celui des changements climatiques. Mais les actions globales nécessaires à notre survie sont freinées par les nationalismes et les religions. L’auteur qualifie les religions de relique inerte de notre passé. Comment alors rendre les nations, les religions et les cultures un peu plus réalistes et modestes sur leurs vraies places dans le monde? Les nations et les religions doivent faire preuve d’humilité. « La morale, l’art, la spiritualité et la créativité sont des facultés humaines universelles inscrites dans notre ADN. ». (Harari, précité, page 201) La morale a des racines évolutives profondes antérieures de millions d’années. La laïcité peut nous offrir toutes les valeurs dont nous avons besoin, sachant que les laïques chérissent la science. Les humains ne manquent pas de valeurs, le problème est dans l’application. Devant tous ces défis Harari nous met en garde, à tout le moins, de protéger les droits de l’homme.

L’auteur nous rappelle que les émotions ne sont pas un phénomène mystique, mais un processus biochimique. Les émotions prévalent sur les théories philosophiques.

À propos de la quête du sens à donner à sa vie l’auteur est d’avis qu’il suffit qu’un récit donne deux conditions :
1. Un rôle à jouer.
2. Être en mesure de dépasser mes horizons sans nécessairement se prolonger à l’infini.

« Il n’y a pas de scénario divin. En dehors de moi rien ne peut donner de sens à ma vie. C’est moi qui donne du sens à toute chose à travers mes choix libres et ma sensibilité. » (Harari, précité, page 316) « créez du sens en éprouvant, en pensant, en désirant et en inventant » (Harari, précité, page 317)

En terminant, l’auteur nous amène à réfléchir sur l’esprit humain et la conscience. Nous savons si peu sur l’esprit humain de même que sur la conscience. L’esprit une grande énigme, mais qui n’est pas le cerveau. À propos de la conscience, il écrit : « En vérité pourtant la conscience est le plus grand mystère de l’univers » (Harari, précité, page 335)
Il conclut à l’importance de la recherche pour essayer d’élucider ces énigmes. La recherche sur le cerveau fait des pas de géant à l’aide des outils modernes tels que les microscopes, les scanneurs et les puissants ordinateurs, alors qu’il n’existe pas d’outil moderne pour étudier l’esprit. Il existe, nous dit-il de nombreuses méthodes traditionnelles d’étude de l’esprit toutes regroupées sous le vocable de « méditation ». Il croit à une certaine forme de complémentarité entre toutes ces efforts de recherche. Harari est d’avis qu’il nous faut accélérer ces recherches pour découvrir qui nous sommes vraiment avant d’être dépassés par les algorithmes qui décideront pour nous.