Compléments à Teilhard

Trinh Xuan Thuan

Dans le collectif Le monde s’est-il créé tout seul?, sous forme d’entrevues et sous la direction de Patrice Van Eersel, Trinh Xuan Thuan se range dans le camp de ceux qui reconnaissent l’existence du Big Bang et la justesse du principe anthropique fort. Autrement dit « l’univers est réglé de façon extrêmement précise pour qu’il mène à la vie et à la conscience et afin que surgisse un observateur capable d’apprécier sa beauté et son harmonie. » (page 37)

« S’il n’y a qu’un seul univers et étant donné ce réglage, il faut « quelque chose » pour le régler?
Oui si on écarte le hasard et les théories des univers multiples qui sont invérifiables et si on postule qu’il y a un seul univers, le nôtre, je pense qu’il faut parier, comme Pascal, sur l’existence d’un principe créateur qui a réglé les constantes physiques et les conditions initiales dès le début pour qu’elles aboutissent à un univers conscient de lui-même. Mais c’est un postulat que la science est incapable de démontrer qui relève de la métaphysique, je suis d’accord. Certains appellent ce principe créateur « Dieu ». Pour ma part, ce n’est pas un Dieu personnifié qui intervient dans les affaires humaines, mais c’est un principe panthéiste omniprésent dans la Nature, comme l’entendaient Spinoza et Einstein. Ce principe se manifeste par la beauté, l’harmonie, et l’unité du cosmos […]. Einstein l’a décrit ainsi : « Il est certain que la conviction, apparentée au sentiment religieux que le monde est rationnel, ou au moins intelligent, est à la base de tout travail scientifique un peu élaboré. Cette conviction constitue ma conception de Dieu. C’est celle de Spinoza. » ». (Pages 50 et 51)

Nous constatons donc que ce contemporain, plus proche de nous, actualise la vision de Teilhard à la lumière des dernières découvertes en astrophysique à savoir que l’Évolution depuis le Big Bang est prédéterminée jusqu’à nous. Trinh Xuan Thuan n’aime pas le terme « principe anthropique fort », auquel il préfère « principe de complexité » comme le suggère Hubert Reeves. Ce faisant, il nous éclaire en rapprochant sa vision des choses du principe de « complexité – conscience » proposé par Teilhard.

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