Complément à Teilhard

Carl G. Jung

Carl Gustave Jung (1875 – 1961) est considéré comme l’un des pères de la psychanalyse et dont l’œuvre créative, s’est étendue au-delà de la médecine. Frédéric Lenoir avec son dernier livre (Jung, un voyage vers soi, 2021) nous guide dans la redécouverte de celui qui fut l’un des plus grands penseurs du XXe siècle. Aux fins du rapprochement que je me propose de faire avec l’œuvre de Teilhard je retiens du livre de Lenoir les éléments importants suivants :

Il a redéfini la notion freudienne de libido en élan vital (sous l’influence de Bergson) plutôt que seulement une pulsion sexuelle; découvre ainsi la richesse et les propriétés créatrices de l’inconscience. Il ajoute à l’inconscient, l’inconscient collectif.

il s’intéresse à la psychologie qui lui semble être  « le lieu où la rencontre de la nature et de l’esprit devenait réalité. »

Il était contemporain de Teilhard et connaissait ses ouvrages qu’il a lus et qui l’enthousiasmaient.

Jung par ses recherches au plus profond de l’inconscience ne contredit en rien la loi de complexité – conscience chez Teilhard. Cette loi qui nous informe que plus la matière se complexifie (de l’atome à la molécule à la cellule vivante à l’hominidé aux phénomènes sociaux) plus la conscience grandit.

Jung nous dit que l’homme est indispensable à la perfection de la création, que, plus encore, il est lui-même le second créateur du monde. Cette pesée rejoint bien celle de Teilhard qui voit l’homme, non pas comme centre statique du Monde, comme il s’est cru longtemps, mais comme axe et flèche de l’Évolution.

il affirme : « S’il n’est pas possible d’apporter une preuve valable au sujet d’une survie de l’âme après la mort, il y a cependant des évènements qui donnent à penser…»

Jung se reconnait dans le message éthique de l’Évangile basé sur l’amour du prochain. Il se dit donc chrétien, mais non catholique et non protestant. Il est même critique à l’endroit des religions traditionnelles. Il trouve le catholicisme trop rigide. Nous savons que Teilhard s’est buté à cette rigidité ayant conduit au refus de la publication de son œuvre maîtresse.

Selon lui, le sens provient de la totalité de l’âme par rapport au cosmos. Autrement dit, le sens provient de la coopération du conscient et de l’inconscient. Dès lors la connaissance de soi et le travail intérieur ne visent plus seulement à guérir d’une névrose, mais à se réaliser en tant qu’être humain.

Il affirme qu’une méthode purement logique ne peut rendre compte de la complexité du réel.

« L’âme participe pour Jung du monde de la matière et de l’esprit. »

« Qu’on le veuille ou non, la question du divin s’impose » nous dit Jung.

Jung et Wolfgang  Pauli (1900 – 1958) prix Nobel 1945, ont formulé l’hypothèse selon laquelle le psychisme et la matière, l’interne et l’externe, l’homme et la nature seraient reliés au sein d’une unité indifférenciée, dans un perpétuel mouvement de coopération.

Voici donc plusieurs éléments qui relient la pensée de Jung à celle de Teilhard. C’est cependant, et tout particulièrement, ce dernier élément mettant en cause la physique quantique de Pauli qui illustre le mieux ce rapprochement. L’interconnexion constante entre psychisme et matière chez Jung se rapproche de l’atomisation de l’esprit et de l’interdépendance du dedans (l’esprit) et du dehors (la matière) des choses chez Teilhard. De la part de Jung il y a donc un important renforcement de la pensée de Teilhard.

(Page ajoutée le 15 mai 2022)