Teilhard de Chardin

Sa vie

Au début de ma vie d’adulte, Teilhard de Chardin était devenu mon grand maître à penser. Bien sûr par la suite, comme vous le verrez, d’autres se sont ajoutés, mais Teilhard demeure mon premier guide spirituel. Ainsi, dans les pages qui suivent, je ferai beaucoup de place à cet homme remarquable. Avant de passer en revue l’essentiel de son œuvre, je vous propose un tour d’horizon de sa biographie. Celle-ci, tout comme son cheminement intellectuel et spirituel est hors de l’ordinaire.

Biographie

JEUNESSE

– Né en Auvergne, France, en 1881 dans une famille traditionnelle et unie, il entre au noviciat des jésuites en 1899.

– Très jeune il subira les influences du philosophe Henri Bergson et du naturaliste Charles Darwin.

– Il participe à la Grande Guerre de 14-18 en tant que brancardier. Il reçoit la Médaille militaire et est nommé chevalier de la Légion d’honneur pour ses actes de bravoure. À la sortie de la guerre, il prononce les vœux solennels des jésuites.

ANNÉES 20

– Au cours de la période 1919-1922, il poursuit des études au Muséum d’histoire naturelle de Paris où il obtient des certificats de géologie, de zoologie et de botanique. Il y défendra aussi sa thèse de doctorat en paléontologie.

– En 1925, il écrit L’Hominisation un essai frappé d’interdiction de publier. Et il en sera ainsi de toutes ses œuvres qualifiées par Rome de non scientifiques.

– À compter de 1923, il réalise sept voyages en Chine où il effectue des fouilles à la recherche de fossiles pour faire avancer les connaissances en paléontologie. Au cours de son troisième voyage, en 1929, il découvre «l’homme de Pékin», ce qui permettra d’établir que l’animal préhominien a franchi le pas de la réflexion et lui vaudra une reconnaissance internationale en tant qu’homme de science.

ANNÉES 30

– Il effectue aussi plusieurs voyages aux États-Unis. Au cours de son troisième voyage (1937), il reçoit la médaille Gregor Mendel au congrès de préhistoire sur les origines de l’homme organisé par la Fondation Carnegie, à Philadelphie.

– En 1939, il effectue un septième et dernier voyage en Chine, cette fois en compagnie de Lucile Swan une femme qu’il a connue en 1929 et qu’il a beaucoup aimée. Il a écrit quelque part que pour lui, homme religieux, il était possible de sublimer l’amour pour la femme et, conséquemment, de ne pas renoncer à son vœu de chasteté. Il voyait dans cette relation platonique une source inépuisable de créativité.

« Entre l’homme et la femme, un pouvoir spécifique et mutuel de sensibilisation et de fécondation spirituelle sommeille vraisemblablement encore, qui demande à se dégager en irrésistible élan vers tout ce qui est beauté et vérité. » (Teilhard, Sur l’Amour, 1967, p. 42)

ANNÉES 40

– En 1948, il tente d’obtenir l’autorisation de publier Le phénomène humain, son œuvre maîtresse, ce qui lui est refusé. Il est alors à Rome et doit patienter 10 jours avant d’être reçu par le général de la Compagnie de Jésus. Il en profitera pour visiter la ville. Les splendeurs architecturales le scandalisent, mais il se sait délinquant au sein de l’Église à laquelle il demeure tout de même profondément attaché. En 1951, il décide alors de céder ses écrits non scientifiques à Jeanne Mortier, sa secrétaire.

ANNÉES 50

– En 1955, il retourne à New York et y meurt le 10 avril, jour de Pâques. La même année, Jeanne Mortier entreprend la publication des œuvres de Teilhard dont ceux interdits par l’Église et, tout particulièrement, Le phénomène humain.

L’APRÈS

– En 1962, le Saint-Office renouvelle son opposition. Il faudra attendre 1981 pour que le Vatican fasse savoir que « le père Teilhard n’est plus considéré comme ayant une pensée hétérodoxe. ». Depuis, l’influence de Teilhard ne cesse de grandir à travers le monde et même au sein de l’Église.

(Sources des notes biographiques : Jean-Jacques Antier, Pierre Teilhard de Chardin ou la force de l’amour, Presses de la Renaissance)

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