Influence de l’Orient
Continuum de la conscience ou vie éternelle?
Il est aussi intéressant ici de revenir à la pensée d’Albert Jacquard. Plus précisément, dans Dieu?, Jacquard revient sur cette notion de conscience qui, cette fois, se rapproche davantage du continuum de la conscience mis en avant par le bouddhisme. Parlant de la vie éternelle, il affirme :
« [À] notre raison raisonnante, constatons qu’il est possible d’aller la découvrir dans la définition même de la conscience; oui, c’est là que l’éternité se cache.
[…]
« Il m’est cependant possible de me rattacher à un autre repère temporel, celui des réflexions, des évocations, des émotions, des interrogations qui se succèdent dans la continuité de mon existence consciente. Elles se déroulent dans un univers intérieur qui n’a d’autre rythme que leur propre succession; il n’est nullement nécessaire que ce rythme soit en phase avec celui des évènements extérieurs, générés par le mouvement des planètes ou par les vibrations des atomes; il définit une autre durée. [Voici une pensée très proche de celle d’Henri Bergson. Voir la section « 3 – Complément à Teilhard »]
Dans l’univers de ma conscience, l’après-moi ne peut exister; ma conscience est, pour elle-même, éternelle. Une vie éternelle peut alors être évoquée tout en restant parfaitement réaliste, à condition de considérer non la vie de l’organisme, mais celle de la conscience, et surtout à condition de considérer non la durée mesurée par des évènements cosmiques, mais celle que définit le cheminement de cette conscience.
[….]
Au cœur de cette éternité j’ai à vivre l’avant sans être trop obsédé par un après qui ne me concerne pas. C’est donc au monde qui m’est contemporain que je dois m’intéresser et participer. Voilà un message bien éloigné de celui que j’avais compris dans mon enfance lorsque la vie éternelle m’a été présentée comme l’objectif de mon existence, objectif lointain et situé dans un autre univers. En réalité l’éternité, c’est ici et maintenant. » (Jacquard, Dieu?, 2003, pages 130 à 133)