Influence de l’Orient
Spiritualité orientale
On ne peut amorcer une réflexion spirituelle sans y inclure l’influence de l’Orient. Nous avons beaucoup à apprendre des cultures orientales. Au centre de ces cultures, sans doute, se trouve le bouddhisme. Un des maîtres du rapprochement entre l’Orient et l’Occident est sans contredit Mathieu Ricard. Le point de départ de la recherche qui l’a mené à s’intéresser au bouddhisme a été : « d’établir une hiérarchie des priorités dans mon existence. » (Revel et Ricard, Le moine et le philosophe, 1997, page 32) Ce questionnement a conduit Mathieu Ricard à délaisser une carrière prometteuse de chercheur en biologie moléculaire en faveur d’une existence consacrée à la recherche spirituelle! Le livre, Le moine et le philosophe, dont voici quelques extraits, est le résultat d’un dialogue entre Mathieu Ricard et son père, le philosophe Jean-François Revel. Ce dialogue nous offre, à nous Occidentaux, une excellente introduction au bouddhisme.
« En essence je dirais que le bouddhisme est une tradition métaphysique dont émane une sagesse applicable à tous les instants de l’existence et dans toutes les circonstances.
Le bouddhisme, en effet, n’est pas une religion, si l’on entend par religion l’adhésion à un dogme que l’on doit accepter par un acte de foi aveugle, sans qu’il soit nécessaire de redécouvrir par soi-même la vérité de ce dogme. Mais si l’on considère l’une des étymologies du mot religion, qui est «ce qui relie» le bouddhisme est relié aux plus hautes vérités métaphysiques. Le bouddhisme n’exclut pas non plus la foi, si l’on entend par foi une conviction intime et inébranlable qui naît de la découverte d’une vérité intérieure. La foi c’est aussi un émerveillement devant cette transformation intérieure. D’autre part, le fait que le bouddhisme ne soit pas une tradition théiste conduit nombre de chrétiens, par exemple, à ne pas le considérer comme une ‟religion” au sens courant du terme. Enfin le bouddhisme n’est pas un dogme, car le Bouddha a toujours dit que l’on devait examiner ses enseignements, les méditer, mais qu’on ne devait pas les accepter simplement par respect pour lui. Il faut découvrir la vérité de ses enseignements en parcourant les étapes successives qui mènent à la réalisation spirituelle. On doit les examiner, dit le Bouddha, comme on examine un morceau d’or. Pour savoir s’il est pur, on frotte l’or sur une pierre plate, on le martèle, on le fait fondre au feu. Les enseignements du Bouddha sont comme des carnets de route sur la voie de l’Éveil, de la connaissance ultime de la nature de l’esprit et du monde des phénomènes. » (Revel et Ricard, précité, page 43)
« … enfin, l’aspect le plus essentiel est l’aspect immatériel de la conscience. Ce dernier aspect constitue le continuum de la conscience, qui se poursuit de vie en vie. Ce continuum n’a ni début ni fin, car le conscient ne peut naître de rien ni de l’inanimé : chaque instant de conscience naît d’un instant de conscience qui le précède et engendre un instant de conscience qui le suivra. De même qu’en physique on parle du principe de la conservation de l’énergie – la matière-énergie ne peut ni être créée ni disparaître, seulement se transformer –, on pourrait parler ici d’un principe de conservation de la conscience. Il y a donc un continuum, un courant de conscience pour chaque être, qui peut se transformer, tout comme l’eau d’un fleuve peut être souillée ou purifiée. C’est ainsi qu’au fil de cette transformation, on peut passer de l’état de confusion des êtres ordinaires à l’état d’éveil d’un Bouddha. » (Revel et Ricard, précité, pages 79 et 80)
« La pratique bouddhiste comporte trois aspects complémentaires : la vue, la méditation et l’action. La vue c’est ce qui correspond à la perspective métaphysique. » (Revel et Ricard, précité, page 203)
« L’une des caractéristiques de cette ‟science de l’esprit” qu’est le bouddhisme, c’est qu’il ne suffit pas de reconnaître, d’identifier une émotion consciente ou une tendance latente que l’on ferait revenir à la surface, mais qu’il faut savoir ‟libérer” les pensées. Libérer les pensées, c’est faire en sorte qu’elles ne laissent pas de trace dans notre esprit, qu’elles ne l’enchaînent pas dans l’erreur. » (Revel et Ricard, précité, page 108)
La science de l’esprit développée par le bouddhisme peut nous aider dans le contrôle de nos émotions, dans l’action. Le bouddhisme considère la spiritualité comme essentielle. Je suis d’accord avec cette idée. Pour ne pas s’égarer tous azimuts dans ses pensées, il faut y mettre un minimum de spiritualité sachant qu’« [i]l n’y a aucune incompatibilité fondamentale entre la science et la vie spirituelle ». (Revel et Ricard, précité, page 32)